ACADEMIE DU NOHANT FESTIVAL CHOPIN : PIOTR ALEXEWICZ

ACADEMIE DU NOHANT FESTIVAL CHOPIN :

PIOTR ALEXEWICZ

Le 14 juillet 2021, le public du Festival a salué chaleureusement le récital du jeune pianiste polonais Piotr Alexewicz. Agé de 21 ans et déjà récompensé par de nombreux prix, nous le retrouvons dans cette vidéo au Théâtre de La Châtre lors d’une masterclasse sur piano Pleyel 1846 dirigée par Yves Henry puis à la Bergerie-Auditorium de Nohant où il participe au traditionnel récital des jeunes artistes en résidence.

Dans l’interview qui accompagne cette vidéo, Piotr Alexewicz évoque son admiration pour Chopin, sa découverte du jeu sur piano d’époque et ce que sa résidence à Nohant a apporté à sa formation artistique.

Pourquoi avoir choisi le piano ?

Je n’ai pas choisi le piano de manière consciente. Quand j’étais petit, nous avions à la maison un vieux piano droit et mes parents racontent que dès l’âge de deux ans, je me suis intéressé à cette curieuse boîte en bois ! Ma grand-mère m’a alors appris quelques melodies et tout s’est enchaîné très naturellement, de petites improvisations en reproduction de chants de Noël que j’entendais à la radio ou à la télévision. C’est à l’âge de 5 ans que mon éducation musicale a véritablement commencé, mais jusqu’à 12 ou 13 ans, je n’ai jamais réussi à travailler sérieusement. Je préférais jouer au foot et à bien d’autres choses !

Quand avez-vous su que vous vouliez en faire votre métier ?

J’ai su que je voulais devenir musicien quand j’ai entendu le pianiste Pawel Zawadzki (aujourd’hui mon professeur) jouer le 3e Concerto pour piano de Rachmaninov. Je n’étais pas son élève à l’époque mais après ces 45 minutes de musique à couper le souffle, j’ai su que je voulais plus que tout étudier avec lui et employer ma vie entière à devenir musicien.

Où étudiez-vous actuellement ?

J’étudie actuellement à l’Académie de musique Karol Lipinski de Wroclaw dans la classe de Pawel Zawadzki.

Quelle place occupe la musique de Chopin dans votre répertoire, dans votre vie ?

Chopin est la figure centrale de mon répertoire, d’une part parce que je suis né dans sa patrie, et, d’autre part, parce que sa musique ne donne à personne la possibilité de ne pas l’aimer. C’est une musique transcendantale. Tous ces éléments poétiques et ces sentiments romantiques dans un cadre aussi classique… personne n’avait jamais créé quelque chose comme cela auparavant.

ACADEMIE DU NOHANT FESTIVAL CHOPIN : PIOTR ALEXEWICZ

Comment s’est passée la découverte du Pleyel 1846 présent sur la scène du théâtre de La Châtre ? Quelles sensations ? 

Bien qu’il existe de nombreux instruments d’époque à l’Institut Fryderyk Chopin de Varsovie, je n’ai jamais eu l’occasion de jouer sur aucun d’entre eux.  Le piano Pleyel 1846 de la masterclasse du théâtre de La Châtre est le premier instrument de ce genre que j’aie jamais touché. Cela a été pour moi un moment sensationnel. Je me suis tout à coup senti plus proche de ce que Chopin avait dû ressentir en composant et grâce à Yves Henry, j’ai compris les spécificités de cet instrument. Cette découverte a été d’autant plus précieuse pour moi que dans quelques semaines, le 1er mars 2022, je donnerai mon premier récital sur un piano Erard de la même époque. Je compte réutiliser tout ses précieux conseils pour m’y préparer.

En quoi ces master-classes ont-elles changé concrètement votre manière d’appréhender la musique de Chopin, et la musique en général ?

Mon séjour à Nohant a été magnifique. Je ne m’étais jamais senti plus proche de Chopin. Et puis Yves Henry est un grand pédagogue dont les conseils et remarques peuvent être utilisés dans toute l’oeuvre de Chopin, mais également dans toute la littérature pianistique. L’élément le plus important qu’il nous a transmis, à moi et aux deux autres pianistes de la résidence, est la nécessité d’avoir avant tout une compréhension profonde et attentive du texte musical, et de savoir y décoder la volonté précise du compositeur. C’est une capacité très rare de nos jours et il faut une vie entière pour la maîtriser tout à fait. Il y a toujours quelque chose à découvrir.

Comment avez-vous vécu l’expérience du concert dans la prestigieuse Bergerie de Nohant ? 

Le concert à la Bergerie de Nohant a été une expérience profonde. La prestigieuse histoire du lieu était plutôt intimidante mais le public a été très chaleureux, et je me suis senti comme chez moi sur scène. J’ai toujours beaucoup aimé jouer en France.

La musique de Chopin, en trois adjectifs ?

Authentique, poétique, polonaise.