COMPTE-RENDU WEEK-END DU 3 ET 4 JUIN 2023

Nelson Goerner, la munificence éclairée
Chaque année, lors du concert d’ouverture, les premières notes qui résonnent dans la Bergerie-Auditorium Frédéric Chopin sont toujours empruntes d’émotion, de solennité et de ferveur. Cette année, c’est au grand pianiste Nelson Goerner que revenait cette grâce. Sans ambages, il nous proposait d’entrer dans le vif du romantisme avec en première partie, les quatre Ballades de Chopin suivies de la Sonate en si mineur de Liszt. Selon Bachelard « Il faut que l’imagination fasse trop pour que la pensée fasse assez ». Voilà qui résume bien l’art de Nelson Goerner qui pour cette première étape, a proposé au public d’explorer les espaces infinis des mondes intérieurs de Chopin et de Liszt. Déploiement de poésie, de couleurs et d’harmonies aux nuances les plus subtiles, avec un guide aussi talentueux, le public enthousiaste arrivait directement sur l’Olympe. En bis, Nelson Goerner donnait le Nocturne en do dièse mineur op. posthume de Chopin

et l’étude de concert « La legierezza » de Liszt.

Concerto royal
Evénement le dimanche après-midi avec la présence sur scène de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie dirigé par Vahan Mardirossian, un chef charismatique de renommée internationale et au piano d’Yves Henry qui a troqué ses habits réguliers de Président du Festival pour ceux séculiers de pianiste-concertiste. Au programme, le Concerto n° 1 en mi mineur de Chopin, une œuvre, souligne Yves Henry, composée par un jeune Frédéric d’à peine 20 ans et qui signera son départ sans retour de Varsovie pour Vienne et lui servira de « carte de visite » pour se faire connaître, en particulier à Paris.
Privilège rare d’entendre à Nohant cette œuvre iconique interprétée avec toute la précision et la subtilité requises pour mettre en exergue le dialogue entre un piano-roi et des cordes tout en légèreté. Ce concerto solaire, novateur et plein d’élan, emprunt de la confiance en la vie d’un jeune homme qui se lance dans la carrière, rayonne de tous ses feux dans l’auditorium. Pour le plus grand bonheur du public qui remercie de cette offrande musicale par une standing ovation des plus chaleureuses. En bis, Yves Henry interprète les deux dernières Valses de Chopin composées à Nohant dont il vient de publier une double intégrale, sur piano d’époque et sur piano d’aujourd’hui, dont l’une en ré puis la Valse op. posthume en la mineur. .

Plink-Plank-Plunk
Après avoir donné la Sérénade pour orchestre à cordes n° 2 de Mieczyslaw Karlowicz, une œuvre « légère » qui reflète bien l’atmosphère fin de siècle qui règne en Europe en 1898, le facétieux Vardan Mardirossian propose à son orchestre de faire tomber les archets en raison de la chaleur pour donner en bis une œuvre du compositeur américain Leroy Anderson, intitulée Plink – Plank – Plunk. Chopin avait beaucoup d’humour si l’on en croit George Sand, et si son âme flotte dans la Bergerie, comme nous, il en rit encore !