De l’enfer numérique au paradis des lettres

De l’enfer numérique au paradis des lettres

Le jeudi 1er décembre, les invités étaient nombreux à la Société des gens de lettres pour féliciter le journaliste, essayiste et réalisateur de documentaires, Guillaume Pitron, récipiendaire du Prix Elina et Louis Pauwels pour son ouvrage « L’Enfer numérique » » (éd. LIL). Ce prix est attribué chaque année depuis 1997 à un écrivain francophone auteur « d’un essai qui manifeste un esprit d’ouverture dans le débat d’idées, faisant place aux questions de société dans le monde contemporain ».

Le jeudi 1er décembre, les invités étaient nombreux à la Société des gens de lettres pour féliciter le journaliste, essayiste et réalisateur de documentaires, Guillaume Pitron, récipiendaire du Prix Elina et Louis Pauwels pour son ouvrage « L’Enfer numérique » » (éd. LIL). Ce prix est attribué chaque année depuis 1997 à un écrivain francophone auteur « d’un essai qui manifeste un esprit d’ouverture dans le débat d’idées, faisant place aux questions de société dans le monde contemporain ».

Cette soirée à la fois culturelle, amicale et festive, était orchestrée par Sylviane Plantelin, présidente du jury et par ailleurs vice-présidente du Nohant Festival Chopin. Introduisant la remise de prix, Christophe Hardy, président de la SGDL et membre du jury, évoquait le bicentenaire de l’institution  et soulignait son attachement à ce prix en raison de sa singularité. Sylviane Plantelin remerciait le jury composé également de Jean Claude BologneDominique Le BrunHélène RenardFrançois ThiéryHenriette Walter et Michelle Perrot. Elle faisait ensuite le lien entre le thème de l’ouvrage récompensé et un livre de Louis Pauwells «Blumroch l’admirable » où l’auteur qui bien sûr ne pouvait pas imaginer en son temps notre univers connecté, invente néanmoins le « Nexialiste », « celui dont la pensée fonctionnera simultanément sur quantité d’axes… dont la pensée parviendra à des conclusions surprenantes mais justes, en rapprochant des données éloignées. »

L’historienne Michelle Perrot, habituée de Nohant et du Festival, mettait en exergue les qualités de l’ouvrage de Guillaume Pitron, notamment la prise de conscience de ce qui se passe derrière nos gestes quotidiens. En nous racontant pas à pas le « Voyage au bout d’un clic », l’auteur nous dévoile en effet l’anatomie d’une technologie « dématérialisée » qui consomme néanmoins 10 % de l’électricité de la planète et représente 4 % des émissions de C02. A l’évidence notre « cloud » éthéré est noir de pollution !

Sylviane Plantelin rappelait ensuite le parcours du lauréat qui juriste à l’origine et par ailleurs berrichon, est devenu grand reporter par passion. Très honoré de voir son ouvrage récompensé, Guillaume Pitron, qui a mené cette enquête pendant deux ans sur quatre continents, soulignait les dangers de nos clics, en terme de pollution mais aussi de surveillance de l’individu.  En conclusion, il nous incitait à la « diète numérique ».

Après cette exploration passionnante de « l’impensé des gestes de notre quotidien », les lettres et la musique allaient venir à la rescousse de notre désarroi numérique. Nous trouvant à l’hôtel de Massa, dans le temple des belles lettres, un intermède musical et littéraire s’imposait. Parole allait être donnée à plusieurs artistes qui n’avaient en leur temps que la plume, la chandelle et surtout leur génie pour seuls attributs. Tout d’abord à deux piliers du romantisme, Musset et Chopin, qui  partagèrent l’amour de George Sand, cette dernière trônant habituellement sur la tapisserie du salon de réception de la SGDL mais faisant faux bond ce soir-là à ses admirateurs pour cause de restauration ;   puis à Marcel Proust en raison de son bicentenaire.

Admirablement servi par Yves Henry au piano et deux jeunes comédiens de l’Académie du Nohant Festival Chopin, Eugénie Pouillot et Ulysse Robincet intermède proposait une immersion dans la psyché humaine, plus particulièrement l’amour, ses tourments et ses espérances, avec La Nuit d’octobre de Musset encadrée de deux Nocturnes de Chopin puis avec deux textes étincelants de George Sand et de Marcel Proust sur Venise suivis de la Barcarolle de Chopin inspirée du chant des gondoliers.

L’excellence de l’interprétation ajoutait au plaisir immarcescible d’entendre à nouveau ces chefs-d’œuvre éternels, celui de terminer la soirée  sur un tout autre nuage, celui de la création humaine qui n’exploite, ni ne pollue, mais au contraire enchante notre monde en se donnant à tous ceux qui en entretiennent le feu sacré.