22 Sep Harmonie céleste beethovénienne
Ce samedi 12 septembre, en passant devant l’impressionnante flotte de 50 longs courriers venus du monde entier et posés pacifiquement sur le tarmac de l’aéroport de Châteauroux, le public aurait pu avoir la nostalgie des horizons lointains qui lui sont actuellement confisqués. Toutefois, c’est sans états d’âme inutiles qu’il se presse vers la tente dressée sur la piste de l’aéroport. Il sait qu’il est convié à une destination bien plus céleste encore : la galaxie Beethoven. En effet, le Nohant Festival Chopin hors les murs organise un concert hommage au compositeur « du romantisme au jazz » avec les plus beaux thèmes de ses Symphonies n° 5, 3 et 9 transcrites pour deux pianos et 40 doigts, ponctués par la Sonate à Kreutzer pour violon et piano.
Sur scène, Yves Henry, le président du Festival, souhaite la bienvenue aux partenaires de la soirée ainsi qu’aux 300 passagers sagement masqués et distanciés qui attendent le décollage. Serge Descout, le président du Conseil départemental, se réjouit de cette occasion de partager la musique, « ce langage universel » et affirme le soutien inébranlable du Département à la Culture et au Nohant Festival Chopin qu’il assure d’ores et déjà de son soutien pour 2021. Heureux de recevoir « le Nohant Festival Plaisir », Dominique Roullet, le vice-président du Conseil régional et président de l’aéroport, se félicite du développement des lieux, bientôt dotés d’une nouvelle tour de contrôle et d’un hangar destiné à accueillir le plus grand avion du monde. Et pourquoi pas un grand concert symphonique dès l’an prochain, interroge le président du Festival, une suggestion saluée immédiatement par le public. Puis les artistes se présentent, les pianistes Bella Schütz, Sayoko Kobayashi, Clément Lefebvre, Noé Huchard, pianiste de jazz, et le violoniste Thomas Lefort auxquels se joint Yves Henry, maître d’œuvre de la soirée et concertiste.
Après la formation des équipages autour des deux Steinway, les quatre pianistes déroulent à huit mains avec une synchronisation et une énergie époustouflantes, le premier mouvement de la 5e Symphonie puis le deuxième mouvement de la 3e Symphonie, L’Héroïque. Cette dernière s’interrompt pour laisser place aux improvisations de Noé Huchard qui après plusieurs loopings jazzy revient au Beethoven classique qu’il connaît sur le bout de ses doigts talentueux. Ensuite vient la célèbre Sonate à Kreutzer, une pièce que le dédicataire n’a jamais jouée mais qui n’a pas déconcerté le violoniste Thomas Lefort, ni Yves Henry au piano dont les interprétations aussi inspirées que virtuoses ont été saluées par le public. En final, la si bien nommée Ode à la joie fait écho à celle des artistes et d’un public heureux de vivre ensemble ce moment musical et festif. Donné en bis, le Galop chromatique de Liszt passe le relai aux Lisztomanias qui s’ouvriront à Châteauroux en octobre.
« Par la force des charmes et l’harmonie céleste, j’apporterai aux hommes des rêves de douceur. Par la puissance d’un amour infini et merveilleux, je rendrai leurs vies semblables au printemps ». Ce soir-là, les vœux de Beethoven étaient exaucés, l’harmonie céleste et la douceur de l’air printanier.
Dimanche 13 septembre, l’auditorium Frédéric Chopin accueille en tremplin découverte, le dernier jeune talent de la saison mais non le moindre : Jean-Paul Gasparian, venant à Nohant pour la troisième fois et présélectionné pour le prestigieux Concours international Chopin de Varsovie. Jean-Yves Clément, le conseiller musical et littéraire du Festival, fait à son habitude une présentation toujours très appréciée du public, de l’ambitieux programme du pianiste. Jean-Paul Gasparian interprétera ainsi Quatre Mazurkas de Chopin, le « journal intime que le compositeur écrira toute sa vie », puis des œuvres de ses « émules », les Moments musicaux n° 1, 2, 3 et 4 op. 16 du « post-romantique et académique » Rachmaninov et la Fantaisie en si mineur de « l’émancipé et mystique » Scriabine. Puis la Sonate n° 3 en fa mineur, op. 5 « une symphonie déguisée composée par Brahms à seulement 20 ans » viendra clore le concert.
Alliant la musicalité, l’élégance et la flamboyance d’un grand interprète du répertoire romantique, Jean-Paul Gasparian est longuement applaudi par le public. Généreux, il donne en bis le Prélude n° 4, op. 4 de Rachmaninov et le final allegro de la Sonate n° 12, op. 26 de Beethoven.
En conclusion, évoquons ce conseil de Beethoven aux artistes : ” Ne te contente pas de pratiquer ton art, mais fraie-toi un chemin dans ses secrets, il le mérite bien. Car seuls l’art et le savoir peuvent élever l’homme jusqu’au Divin.” Nul doute que tous les excellents jeunes talents que nous avons eu le plaisir d’entendre lors de cette édition spéciale du Festival qui leur était dédiée, sont sur le bon chemin, celui des étoiles…
Mais la magie de ces moments musicaux n’est pas terminée et nous vous donnons rendez-vous pour la Nuit Chopin 2020 sous forme d’un week-end entier consacré au compositeur, les 16, 17 et 18 octobre prochains au Château d’Ars, près de Nohant. Une occasion rêvée de venir découvrir le Berry sous les couleurs de l’automne ainsi qu’une pléiade de jeunes talents qui, réunis autour d’Yves Henry, donneront le meilleur d’eux-mêmes. Dans l’atmosphère des salons du Château, se dérouleront plusieurs concerts sur piano d’époque, une masterclasse, un dîner aux chandelles, un spectacle littéraire et musical sur le thème « les 7 étés de Chopin à Nohant », et un brunch musical qui clôtureront cette édition 2020 exceptionnelle à tous égards !
(Informations et réservations à partir du jeudi 24 septembre au 02 54 48 46 40 et sur ce site).