Le mot Président du Nohant Festival Chopin – Yves HENRY

« Nohant, 5 juin 1837.

Temps magnifique, beaucoup d’air, bruit majestueux et mouvement plein de grâce sur les feuilles des tilleuls. On dirait des allures fières et gracieuses d’Arabella.
Réveil stupide. Mon sommeil a été profond et calme, mais le mal de gorge s’obstine.

Et ce maudit piano qui ne se réveille pas ! Que faire de moi-même ce matin ? Dieu soit loué ! Mon ami m’a entendu. Voici les premières mélodies de l’Andante de la Symphonie Pastorale de Beethoven. Vraie musique d’été.»

Ces quelques lignes de George Sand, tirées de son Journal intime qui ne sera publié qu’au XXe siècle par sa petite fille Aurore, introduisent merveilleusement cette 54e  édition du Festival.

La Nature, le génie de Beethoven, la présence de Liszt à Nohant en 1837 qui, auréolé du succès de sa transcription de la Symphonie Fantastique de Berlioz, s’attaque pendant son séjour à celles des Symphonies de Beethoven 5 et 7, sont autant de lignes directrices qui sous-tendent la programmation de cette année sur le thème « Beethoven, Chopin et l’héroïsme romantique ».

Beethoven, dont on fêtera en décembre prochain le 250e anniversaire de la naissance, sera mis en valeur, notamment au travers des transcriptions de certaines de ses symphonies réalisées par Franz Liszt (Pastorale, Héroïque…). Les pianos Bechstein d’aujourd’hui (déjà les instruments favoris de Liszt à son époque) et des instruments de l’époque romantique (Pleyel 1846, Blüthner 1871, Erard 1880) permettront à quelques-uns des plus grands interprètes actuels comme aux nouveaux talents que nous aimons à vous faire découvrir, d’exprimer toutes les nuances et subtilités d’un répertoire essentiellement romantique auquel les voix des comédiennes, Ludmila Mikaël, Julie Depardieu et Marie Denarnaud, toutes trois pour la première fois à Nohant, apporteront la touche littéraire et sandienne.

De grands moments en perspective pour ce Festival que nous organisons chaque année avec toujours plus de partenaires, convaincus comme nous du privilège que nous avons de pouvoir continuer à faire vibrer à Nohant une certaine idée de l’art, dans la simplicité et la rusticité d’un lieu champêtre dont l’authenticité restée intacte continue d’inspirer les artistes.                

Remercions ceux qui les premiers ont initié ce Festival (dont le grand pianiste Aldo Ciccolini, disparu il y a cinq ans), puis ceux qui ont contribué à son développement et concourent encore à son succès actuel, au premier rang desquels le Centre des monuments nationaux et son personnel dévoué qui nous accueillent au Domaine de George Sand.

Plus que jamais, l’âme de l’écrivaine est vivante à Nohant et cette 54e édition lui est dédiée, ainsi qu’à tous les amoureux de l’Art, de la Nature, de la Littérature et de la Musique.