Les éditos 2022

Les éditos 2022

Yves HENRY

Président du Festival

Yves-Henry

Le mot du Président

 

En ce printemps 2022, au moment même où l’horizon s’éclaircit sur le plan sanitaire avec une décrue importante de la pandémie de Covid 19, il s’assombrit brutalement avec l’agression russe en Ukraine, pays qui a donné au monde quelques-uns des plus grands pianistes passés et actuels, dont plusieurs sont venus jouer à Nohant comme Shura Cherkassky en 1995, ou Vadym Kholodenko plus récemment.
Les images des populations prenant la route de l’exil en 2022 nous rappellent ce qu’ont connu d’autres populations par le passé, et bien des artistes dont faisaient partie Chopin en 1830 et Rachmaninov en 1917, pour ne citer que ces deux compositeurs.

Aujourd’hui, nous ne pouvons qu’être solidaires des Ukrainiens en nous faisant l’écho des voix qui s’élèvent dans le milieu culturel pour condamner cette agression.
Parmi ces voix, il en est une qui s’élève fortement et nous touche plus particulièrement car elle émane d’un grand pianiste russe, dont le récital au Festival 2021 a été un pur moment de grâce : Evgeny Kissin. « La guerre est toujours le malheur, les larmes, le sang et la mort de milliers, voire de millions de personnes. La guerre d’agression dans laquelle, contrairement aux traités et aux accords, l’armée d’une nation envahit le territoire d’une autre, qui elle-même n’a fait ni attaque ni menace, est un crime pour lequel il n’y a et ne peut y avoir aucune excuse. Comme nous le savons tous, les criminels nazis qui ont commencé la guerre en Europe ont fini leur vie honteuse à la potence ou en prison à la suite des procès de Nuremberg. Ceux qui ont déclenché la guerre en Yougoslavie dans les années 1990 ont été jugés par la Cour internationale de justice de La Haye et ont subi des sanctions selon son jugement. Malheureusement, tous ceux qui déclenchent des guerres criminelles ne sont pas toujours punis, mais aucun n’échappe au jugement de l’histoire. Dans la mémoire des générations à venir, ils resteront toujours tels qu’ils sont aujourd’hui. Des criminels sanguinaires. »

L’art doit nous aider à surmonter ces moments difficiles, et l’ensemble des artistes qui nous donnent rendez-vous une nouvelle fois cet été à Nohant auront à cœur de célébrer avec une « ferveur toute romantique » les valeurs qui nous réunissent, et au premier rang desquelles se situe la Liberté.

Au nom de l’équipe qui anime le Festival avec toujours le même enthousiasme et quelles que soient les circonstances, je vous souhaite de vivre à nouveau des moments exceptionnels dans cette atmosphère hors du temps qui caractérise Nohant, au sein duquel le domaine de George Sand (Centre des monuments nationaux) fait figure de havre de paix.

Jean-Yves CLÉMENT

Conseiller musical et littéraire

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La ferveur romantique !

 

« Nathanaël, je t’enseignerai la ferveur », écrit André Gide dans ses Nourritures terrestres. Gide, amoureux et pratiquant du piano romantique, qui nous laisse de fameuses Notes sur Chopin.

C’est cette ferveur qui nous éclairera après deux années si difficiles ; elle nous montrera le chemin du renouveau et de cette vitalité prodigieuse dont les romantiques furent les hérauts. D’un écrivain à l’autre, c’est Proust, mort en 1922, que l’on commémorera cette année, et César Franck, né en 1822, dont on dit qu’il l’inspira.

Des artistes prestigieux, des écrivains et des musicologues éminents témoigneront de cet esprit toujours aussi vivace et essentiel aujourd’hui. Ainsi, de grands noms du piano, tels Rafal Blechacz, Mikhaïl Pletnev, Charles Richard Hamelin accompagneront les nouvelles révélations de notre temps dont les Grands Prix : Jonathan Fournel (Concours Reine Elizabeth 2021), Bruce Liu (Concours Chopin de Varsovie 2021), Viktor Soos, (Grand Prix du Concours Robert Schumann 2021) et Dmitry Shishkin (2e Prix du Concours Tchaïkovski 2019).

Ils seront aux côtés d’une pléiade de talentueux interprètes, des pianistes Adam Laloum, Philippe Cassard, Javier Perianes, Claire Désert, et François Chaplin à la soprano Raquel Camarinha, en passant par la violoniste Fanny Clamagirand, le Quatuor Tchalik et les violoncellistes Anne Gastinel et Edgar Moreau.

Sans oublier ceux qui enrichiront cette ferveur romantique : Claude Hagège, Olivier Bellamy, Bruno Monsaingeon, Nicolas d’Estienne d’Orves, Jérôme Bastianelli et Jean-Jacques Eigeldinger.
Pour un romantisme toujours vivant !