Ode à la joie

Le Premier ministre Jean Castex, et Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, grande mélomane et amatrice du Nohant Festival Chopin, ont encouragé les Français à retrouver le chemin des salles de spectacle. Le public du Festival ne s’est pas fait prier pour suivre une exhortation ministérielle si bienvenue en assistant masqué (mais oreilles et yeux grands ouverts) aux deux récitals qui lui étaient proposés, le dimanche 30 août, à Nohant puis à Saint-Août.

Le matin, rendez-vous était donné au Domaine de George Sand (Centre des monuments nationaux) pour un tremplin-découverte avec la pianiste Diana Cooper dans un florilège d’œuvres de Frédéric Chopin composées à Nohant. C’est par une citation de Franz Liszt, grand ami et admirateur de Chopin, que Jean-Yves Clément a introduit le concert : « A de nouvelles idées, il a su donner de nouvelles formes » à l’instar, a précisé le conseiller musical et littéraire du Festival, « des genres Nocturne, Prélude, Ballade, Scherzo et Valse » mués par les soins du compositeur « en géniales miniatures opératiques». Une entrée en matière brillamment illustrée par la jeune pianiste dont le programme proposait un parcours dans ces différents genres : le Nocturne n° 2, la Ballade, n° 3, le Scherzo n° 4, la Barcarolle et la Valse n° 3. Le toucher agile et délicat de la jeune artiste a conquis une assistance séduite par la subtilité d’un jeu habile à transcrire tour à tour la mélancolie des confidences intimes et les fulgurances amoureuses contées par ces brefs chefs-d’œuvre. En apothéose, La Grande Polonaise brillante précédée de son Andante spianato, concluait le récital.

L’après-midi, changement de répertoire et d’instrument avec un glissement vers l’Europe centrale pour un concert « Violon virtuose » prometteur. Située à quelques lieues de Nohant, l’église de Saint-Août était archicomble pour accueillir le violoniste Thomas Lefort et Yves Henry, le président du Festival qui l’accompagnait au piano. Au programme, des œuvres d’inspiration populaire et bohémienne, à l’instar des Danses roumaines de Béla Bartók, des Danses espagnoles de Pablo de Sarasate et de Manuel de Falla, plusieurs pièces virtuoses de Fritz Kreisler sans oublier trois chefs-d’œuvre de compositeurs français, L’Introduction et Rondo capriccioso de Camille Saint-Saëns, La Méditation de Thaïs de Jules Massenet et le rhapsodique Tzigane de Maurice Ravel.

Dans une courte allocution, Patrick Lambilliotte, le Maire de Saint-Août, à l’initiative de ce concert avec Sylviane Plantelin, la vice-présidente du Festival, élue aux affaires culturelles de la commune, accueillait le public où se trouvaient de nombreuses représentants et élus de l’Indre, à l’instar de Serge Descout, Président du Conseil départemental, Thierry Bonnier, Préfet, Frédérique Gerbaud, Sénatrice ainsi que de nombreux conseillers départementaux et maires de communes environnantes.

S’ensuivit un grand moment de bonheur musical. Non seulement la promesse « virtuose » fût tenue et bien au-delà par Thomas Lefort, un artiste doté d’une immense sensibilité mais une vertu communicative fut mise à l’honneur : la joie. Celle de la connivence de deux artistes parfaitement accordés, heureux de se produire ensemble et de partager avec le public un répertoire allègre et jubilatoire.

Yves Henry et Thomas Lefort ont pour point commun  de faire partie du sérail du grand violoniste Ivry Gitlis, le premier l’ayant accompagné au piano pendant quinze ans tandis que le second a suivi son enseignement. Ils ont d’ailleurs dédié trois « bis » de Fritz Kreizler à ce grand artiste qui vient de fêter ses 98 printemps. Laissons lui aussi le mot de la fin : «  Quand un musicien est bon, quoi qu’il fasse, c’est bon », un adage que le public de Saint-Août a pu vérifier en live.

Programmation des prochains week-ends à retrouver sur www.festivalnohant.com