Plus nombreux et fervent que jamais, le public se pressait Salle Cortot le mercredi 12 mars pour découvrir la programmation de la 59e édition du Nohant Festival Chopin qui accueillera au domaine de George Sand, du 7 juin au 23 juillet, une galaxie d’artistes exceptionnels sur un thème - on ne peut plus d’actualité - : « Chopin l’Européen ».

Soirée de lancement du 59e Nohant Festival Chopin – «Chopin l’Européen»

Soirée de lancement du 59e Nohant Festival Chopin – Chopin l’Européen

Plus nombreux et fervent que jamais, le public se pressait Salle Cortot le mercredi 12 mars pour découvrir la programmation de la 59e édition du Nohant Festival Chopin qui accueillera au domaine de George Sand, du 7 juin au 23 juillet, une galaxie d’artistes exceptionnels sur un thème – on ne peut plus d’actualité – : « Chopin l’Européen »

La culture nous réunit

Devant une salle archi-comble réunissant personnalités, artistes, festivaliers, membres du Cercle des Amis, journalistes mais aussi nouveaux convertis – dont on espère qu’ils en auront la foi -, Yves Henry, le président du Festival et pour l’heure maître de cérémonie, invitait Wieslaw Tarka, le représentant de l’Ambassade de Pologne, et Elisabeth Braoun, l’administratrice du domaine de George Sand à ouvrir la soirée. Inspiré par le thème « Chopin l’Européen », le représentant polonais évoquait la coopération qui s’était créée entre la France et la Pologne autour d’un compositeur admiré dans le monde entier et saluait « l’esprit d’unité dont nous avons tant besoin aujourd’hui ». Elisabeth Braoun renchérissait en évoquant le jumelage entre la maison natale de Chopin à Zelazowa Wola et la maison de George Sand à Nohant, une coopération fructueuse à l’origine de projets culturels communs.

Jean-Yves Clément, le conseiller musical et littéraire, présentait ensuite la programmation de la prochaine édition en égrenant les « têtes d’affiche » : Arcadi Volodos, l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie et Yves Henry, Rafal Blechacz, Lucas Debargue, Barry Douglas, Michel Dalberto, Dang Thai Son, Joseph Moog, Szymon Nehring, Dmitry Ablogin, Philippe Bianconi une énumération prestigieuse qui soulevait d’admiration un public déjà impatient de réserver des places pour ses champions. La période se terminait par une profession de foi, relayée par le représentant de la Pologne : « Vive la musique, vive la France, Vive la Pologne… et pour terminer Vive le monde ! » rajoutait Jean-Yves Clément.

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En avant la musique
C’est à la jeune Anaïs Cassiers, étudiante à l’école Cortot et sélectionnée pour venir en résidence au Festival cet été, que revenait l’honneur intimidant d’ouvrir le récital ce qu’elle faisait brillamment avec la Mazurka n° 4 op. 17 et l’Etude n° 5 op. 10 de Chopin. Relais était passé à Mathis Cathignol, Grand Prix du Concours Pierre Barbizet, qui soulevait l’enthousiasme de la salle avec une virtuose Toccata du Tombeau de Couperin de Ravel à couper le souffle. Puis ce fut au tour de Clément Lefebvre qui a fait partie de l’Académie des jeunes talents du Festival, de délivrer deux Impromptus op. 12 de Scriabine dans une interprétation hautement romantique et chopinienne. Pour terminer cette première séquence, le Trio Pantoum embarquait le public dans la rêveuse Andante du Trio op. 99 de Schubert.

Improvisation
Autre exercice avec le compositeur et pianiste Karol Beffa qui sera à Nohant cet été pour une causerie-rencontre Ravel versus Chopin et qui proposait une improvisation. Il invitait le public à lui citer deux compositeurs. Etrangement ou inconscient collectif en lien avec l’air du temps, les élus furent Wagner et Bizet. Au sein des accords tumultueux du premier, se glissait « l’amour enfant de bohème » du second, ce dernier finissant par avoir le dernier mot de cette séquence virtuose. Puisse en être ainsi dans la vraie vie !

Retour à Chopin
Amour toujours, porté cette fois-ci par la voix superbement timbrée dans les graves et les aigus de la soprano Adèle Lorenzi accompagnée du pianiste Ivan Shemchuk, dans deux Mélodies de Chopin, la deuxième sur un texte d’un grand poète polonais, Adam Mickiewiz, exilé lui aussi en France. Pas besoin de connaître le polonais pour savoir que cette dernière pièce avait pour thème l’amour, celui qui fait pleurer bien sûr, Pologne oblige.

Deux présélectionnés au Concours International Chopin de Varsovie
A peine 19 ans chacun, deux styles très différents mais tous deux présélectionnés (parmi 641 candidats !) pour le prestigieux Concours International Chopin de Varsovie qui se tiendra en octobre prochain : le polonais Yehuda Prokopowicz, à l’élégance d’un autre temps, et le français Raphaël Collard à la décontraction toute contemporaine, allaient nous montrer leur savoir-jouer. Le premier nous interprétait la Mazurka n° 1 op. 33 et deux Etudes de Chopin dont la spectaculaire n° 12 op. 10. Quant au second, son programme ayant changé au dernier moment – « Il faut garder un peu de fraicheur » selon un adage cher à Yves Henry -, il interprétait « au débotté », une Mazurka n° 1 en la mineur op. 59 puis la Grande Valse brillante op. 18. Deux superbes performances qui n’amènent pas de commentaires sauf une pensée pour le jury qui devra départager les candidats !

En route pour le 60e anniversaire du Festival
Yves Henry invitait ensuite Benjamin Garnier, le président des Pianos Pleyel à le rejoindre sur scène pour une grande annonce : l’organisation à Nohant du Premier Concours International Chopin Pleyel créé à l’occasion du 60e anniversaire du Festival en 2026. Se déroulant dans un lieu marqué par la présence de Chopin, joué sur des instruments Pleyel, la marque fétiche du compositeur, calqué sur la rigueur de son aîné de Varsovie et doté d’un jury prestigieux, ce Concours devrait consacrer Nohant comme l’un des lieux de référence de l’interprétation chopinienne.

Musique française
Après une « Ondine » aussi aquatique que Ravel a pu l’imaginer, Michel Dalberto, concertiste et pédagogue dans le monde entier, était rejoint au piano par Yves Henry pour un quatre mains, là aussi improvisé. Satie était annoncé, et ce fut Fauré. Enchantés de jouer ensemble, les deux complices invitaient le public à les suivre dans la rêverie délicate du Jardin de Dolly.

Pantoum par Pantoum
Le Trio Pantoum concluait la soirée avec un extrait du Trio éponyme de Ravel. Verve, complicité, musicalité, ce trio franco-japonais-coréen, est déjà considéré en Europe et au-delà comme l’une des meilleures formations chambristes actuelles. En les écoutant, on comprend pourquoi !

Trois George Sand et un Chopin
En final du concert de lancement, personnalités et artistes montaient sur scène : notamment trois George Sand, Marie Christine Barrault, Présidente d’honneur du Festival, Brigitte Fossey, marraine de l’Académie du Festival, mais aussi Sylviane Plantelin, la vice-présidente du Festival, maître d’œuvre de la soirée, qui revendique aussi un titre largement mérité. Prenant la parole, Alain Duault qui présida le Festival en son temps, précisait pour conclure que Chopin lui aussi était présent sur scène en désignant Yves Henry.

Après des applaudissements nourris, le public quittait à regret ce moment de grâce qui augurait bien du Festival qui l’attend cet été au domaine de George Sand à Nohant.

Crédit vidéo : Martine Martine Le Caro – Crédit photo : Christophe Hely

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